Le Canyon du Colca

Olivier garde de très bons souvenirs de la vallée du Colca, ses habitants, ses paysages mais pas de ses grimpettes avec le sac au dos! C'est pourquoi nous décidons de louer une mule pour porter notre chargement. D'autant que nous voulons apporter au village de Fure quelques vivres et des cahiers-crayons pour les enfants. Car pour la petite histoire, il y a trois ans Olivier avait participé au Solaï, la première plantation des pommes de terre, une belle fête bien arrosée. Et pour cette occasion il avait fait de nombreux clichés que nous avons développés pour les offrir aux villageois.

En arrivant à Cabanaconde, nous partons à la recherche d'une mule et faisons la connaissance de Wilbert et son frère, muletiers. Ils nous proposent de nous accompagner pour le treck, ce qui nous semble une bonne idée car le chargement de la mule ne semble pas si évident. D'autant plus que nous seront plus chargés que prévu car entre temps Olivier a récupéré chez le curé deux grands sacs de vêtements destinés au village de Fure.

Départ 8 heures le lendemain, nous rencontrons notre mule que nous rebaptisons Shakira car il est impossible de prononcer son véritable nom en quechua! La première matinée de marche est tranquille même si il faut être vigilant dans la descente bien abrupte.

Petite après midi détente dans les bassins d'eau chaude de Llahuar et pêche à la truite dans le rio: 3 truites pour Olive avec sa canne et une petite dizaine pour Wilbert au filet mais de la taille de sardines! Au menu de ce soir, truite frite dans l'huile!

Un peu courbaturés, nous reprenons notre chemin pour plusieurs heures de marche de montées et descentes dans les paysages un peu sec du Colca. Nous sommes en plein hiver et les campesinos ramassent les dernières bosses de maïs.

Avant  d'arriver à Fure, au village de Llatica, notre marche est interrompue par une petite Mamie très interressée par notre chargement! Elle nous quémande des vêtements pour sa communauté mais surtout pour elle! Elle est aussitôt rejointe par deux de ses compatriotes en costume typique du Colca.

Nous sommes ravis d'arriver à Fure où Olivier retrouve Nelly avait qui il avait sympathisé. En attendant que les hommes rentrent au village en fin de journée nous partons pour la cascade.

Avant d'assister au match de foot des guides et des villageois, nous passons à la distribution des cahiers pour les grands et des crayons pour les plus petits, le tout dans un joyeux chahut qui décuple lorsque l'on présente les photos. Nous ne comprenons pas tous les commentaires car ces derniers sont en quechua mais au vu de leurs visages ils semblent heureux de se découvrir en photo!

Mais où se cache Olivier?

Comme il commence à pleuvoir, nous passons rapidement à la distribution des vêtements donnés par la paroisse.

Adrian, le mari de Nelly, doit être rentré des champs, nous partons vers leur maisonnette pour leur offrir les photos, du sucre et du riz. Nous sommes invités à boire de la chicha, bière de maïs fermentée au goût bien particulier. Olivier se faisait une joie de les revoir mais l'accueil n'a pas été aussi chaleureux qu'il y a trois ans. Côté ambiance, nous nous rattrapons lors de la séance de photos avec les gamins pendant le match de foot et lors de notre soirée jeu de carte avec les guides et les cuisinières.

En dehors du tourisme, les habitants de la vallée vivent de l'agriculture, de l'élevage de vaches, de moutons et de la cochenille.

Voilà que mon pire ennemi refait surface, la cochenille autrement appelée "cochonnette" par mes chers collègues, un parasite très difficile à éliminer des plantes d'intérieur en France, le cauchemar des employés de jardinerie! Mais ici, elles sont cultivées pour en faire des teintures naturelles, couleur carmin. Wilbert nous initie aux peintures de guerres incas, quant à Olivier, il a tenté de réaliser un "henné" avec plus ou moins de succès!

Palmiers, piscines d'eau tiède, "complexes" touristiques qui poussent comme des champignons, le village de Sangalle autrement appelé l'Oasis est notre dernière étape. Nous passons une soirée sympa en compagnie de Lucas le barman français et Ariana une jeune italienne.

Dernière montée éreintante pour rejoindre Cabanaconde, un mur de 1000 mètres de dénivelé, en lacets serrés, dur..dur... nous sommes ravis d'arriver enfin au sommet. Bilan mitigé pour ce treck, l'hiver n'est pas la meilleure période pour le faire car les terrasses de cultures sont désertes par contre aucun regret d'avoir louer une mule!

Au moment de partir de Cabanaconde, nous croisons un véhicule français. Il s'agit de Raphaëlle, Thierry et leur fils Robin qui voyagent depuis avril en 4x4 Toyota, c'est l'occasion d'échanger sur le voyage, la mécanique, et coup du sort: ils sont du Crédit Mut Mut et ils ont rencontré Carole&Franck! Nous passons une agréable soirée en leur compagnie après un passage aux thermes bien mérité. Mais nos routes se séparent à Chivay car ils filent sur La Paz, en espérant les retrouver en Équateur.

Pour le bivouac de cette nuit nous prenons un petit chemin de terre nous menant à un hameau de quelques maisonnettes. Nous nous présentons aux villageois car nous sommes sur leurs terres. Nous faisons alors la connaissance du propriétaire Papi Antolin qui nous demande notre pièce d'identité et avec qui nous partageons une bouteille d'Inka Colan, une bonne heure de discussion en espagnol-quechua!

Le lendemain matin, tout juste réveillés, nous avons la visite du reste de la famille, petits enfants, tante, oncle à qui l'on fait visiter notre "maison roulante". Olivier est convié à faire le tour de la ferme et la visite du puits de 75 m de long creusé par Papi, ce n'est pas un trou mais un tunnel!

Une belle rencontre, authentique, sans arrière pensée, sans contrepartie.